L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE EN QUELQUES DATES…
1830
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1ère apparition du terme « Economie Sociale »
lorsque Charles Dunoyer publie en 1830 le « Nouveau Traité d’Economie Sociale »
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1885
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Création de la 1ère fédération française des coopératives de consommation
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1898
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Première charte de la Mutualité
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1900
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L’Exposition Universelle accueille un pavillon de l’Economie Sociale
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1901
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Liberté d’association
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1947
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Le statut de la coopération est défini en France.
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1980
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Création de la Charte de l’Economie Sociale en France
définissant les principes et les valeurs de cette troisième voie.
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1981
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Création de la Délégation interministérielle à l’Economie Sociale (DIES)
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1993
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Structuration des acteurs territoriaux en Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS)
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2001
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Création du Conseil des Entreprises, Employeurs et Groupements de l'Economie Sociale (CEGES)
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2004
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Création du Conseil National des Chambres Régionales de l’Economie Sociale (CNCRES)
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2010
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Mois de l’Economie Sociale et Solidaire - 3e édition
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LES ENTREPRISES DE L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE… UNE VIEILLE HISTOIRE !
Dès le Moyen Age, les prémices de l'Economie Sociale apparaissent sous les traits des guildes, confréries et jurandes, corporations et compagnonnages
L’idée de concilier le social et l’économique se développe réellement lors de la première moitié du 19ème siècle pendant l’essor du capitalisme industriel. L’industrialisation paupérise les classes populaires. Les ouvriers commencent alors à s’organiser pour répondre à leurs besoins sociaux et mettent en place des initiatives individuelles et collectives en lutte contre les inégalités, l’injustice, l’égoïsme et les effets néfastes du capitalisme.
Le terme Economie sociale est apparu au cours des années 1830-1840, chez des auteurs appartenant à différentes écoles de pensée - économistes saint-simoniens, chrétiens sociaux, socialistes - pour exprimer une volonté de réformer la société, en humanisant les rapports économiques. Progressivement, le terme va s'appliquer aux sociétés de secours mutuels et aux coopératives, qui viennent tempérer les méfaits sociaux du capitalisme en plein essor. Organisées sur le mode de la prévoyance et de la solidarité, les sociétés de secours mutuels prennent en charge les risques sociaux non assurés par l'Etat (maladie, vieillesse, mort). Elles bénéficient d'un statut légal octroyé par Louis-Napoléon Bonaparte dès 1852. Les coopératives de consommation permettent aux classes populaires de se procurer les denrées de première nécessité, sans l'intermédiaire des commerçants, à prix coûtant ; les associations ouvrières de production évitent aux ouvriers la situation dégradante du salariat.
De par leur fonctionnement démocratique, ces différentes organisations contribuent à initier leurs membres aux pratiques citoyennes qui seront celles de la République.
Toutefois, jusqu'à la fin du siècle, le concept d'économie sociale reste très imprécis. A tel point que, lors de l'Exposition universelle de 1889, les compagnies d'assurances commerciales sont présentées au même titre que les sociétés de secours mutuels sous la bannière de l'Economie sociale. Il faut attendre la Charte de la mutualité de 1898 pour que l'Economie sociale intègre au nombre de ses principes la notion de but non lucratif.
Au tournant du 20e siècle, la doctrine solidariste de Léon Bourgeois trouve à s'incarner dans les mouvements mutualiste et coopératif, où elle est relayée par Charles Gide, rapporteur de l'économie sociale à l'Exposition universelle de 1900. Premier titulaire de la chaire d'économie sociale créée au Collège de France en 1925, Charles Gide domine les débats théoriques de l'époque.
Mutuelles, coopératives et associations, ne cessent de se développer tout au long du 20e siècle, investissant peu à peu tous les domaines de la vie quotidienne des Français : santé, activités de production et de consommation, banque, culture, loisirs, etc ... Toutefois, les échanges entre ces trois secteurs restent épisodiques jusqu'en 1980, date de la reconnaissance officielle de l'économie sociale par les Pouvoirs publics. Mutualité, coopération et mouvement associatif se redécouvrent à cette occasion une identité commune, fondée sur des valeurs qui en font une voie alternative au tout-marché, et au tout-Etat : non domination du capital, libre adhésion et responsabilisation des sociétaires, gestion démocratique, primauté de l'utilité sociale sur la recherche du profit.
Différents courants de pensée ont forgé l’identité de l’Economie sociale : l’humanisme, le socialisme utopique, le solidarisme, le christianisme social, portés par de grands noms tels que Charles Fourier, Charles Gide ou encore Jean Jaurès.
Patricia TOUCAS
Historienne-Chercheur